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Toonuki
24 mai 2016

(rien à voir) coming-out

Il y a des sujets auquel j’aborde sans aucun problème, comme le féminisme ou bien les jeux vidéo. Il y en a d’autres que je préfère garder pour moi et qui sont de l’ordre du privé, soit ça n’a aucun intérêt que j’en parle, soit ça pourrait changer la vision que les gens ont de moi, en bien comme en mal. Mais parfois, il y a des moments dans la vie où on n’a pas le choix de s’ouvrir parce que ça prend trop de place dans notre esprit et que ç’a une quelconque incidence dans notre quotidien et, dans mon cas, dans un processus de création artistique. Ça fait des semaines, des mois, voire des années que je garde ça pour moi, par crainte qu’on se moque de moi ou, dans le pire des cas, et j’espère que ça n’arrivera pas, que je perde des proches. Sauf qu’en le cachant, je me rend compte que ça me nuit énormément. Si vous avez deviné ce dont il s’agit, tant mieux. Dans tous les cas, laissez-moi d’abord vous raconter comment je l’ai découvert :

Quand j’étais ado, je n’étais pas spécialement intéressée d’avoir une vie amoureuse. Je voulais profiter de ma jeunesse et de mes libertés, tout simplement. J’avais 15 ans. Puis, en vieillissant, je m’ouvrais un peu plus à cette option de vie. Petit constat que j’ai fait à ce moment-là : parmi les garçons en qui j’éprouvais une certaine affection, je ne ressentais aucun désir de sortir avec. C’était plus de l’amitié que du désir. Aussi, au secondaire, et même après, de tous les modèles masculins proposés par les médias que les femmes admirent pour leurs physiques (comme Johnny Depp ou Joey Scarpellino, par exemple), aucun ne me provoquait un quelconque symptôme du désir érotique. Je me suis alors dit que j’étais peut-être lesbienne. Même constat : aucune attirance pour les filles. « Bon, peut-être que je suis asexuelle (c’est-à-dire aucune attirance sexuelle pour quiconque), tout simplement » me suis-je alors dit. Il est vrai que je n’ai jamais vraiment trippé sur les histoires d’amour sur tous les supports. Même si c’est vrai, j’ai constaté une fois de plus que je m’étais trompée sur mon orientation sexuelle : je suis bien attirée par les hommes, juste pas n’importe lesquels. Jusque là, je croyais que c’était juste de l’ordre du goût, comme pour la couleur des cheveux ou des yeux, mais apparemment, dans mon cas, ce n’est pas du tout ça puisque je suis en fait attirée par les garçons qui ont de la bedaine.

Bon là, je sais pas du tout comment vous avez réagis après avoir lu la dernière phrase. Toutes les réactions sont possibles. Jusque là, je n’en ai parlé à PERSONNE. Pour moi, c’est un vrai coming-out que je viens de faire. Je n’en ai jamais parlé pour toutes sortes de raisons. Certaines sont les mêmes que pour les homosexuels : peur d’être rejeté ou exclu, d’être sujet à des moqueries, etc. À part ça, il y en a un en particulier qui me pousse à me taire, c’est parce que je me suis rendu compte que le surplus de poids est devenu un sujet extrêmement tabou dans notre société. En tout cas, assez pour créer des malaises, et je peux comprendre en quoi. Ça fait des années qu’on cherche à combattre l’obésité avec des astuces pour perdre du poids, parce que bon, il faut quand même se le dire, ça peut devenir problématique à plein de niveaux, dont la santé, parce que c’est une des causes de toutes sortes de maladies, comme le diabète, l’hypertension et des problèmes de sommeil. Mais comment réagir face à quelqu’un qui dit aimer les « gros(se) » ?

(Oui, bon, à partir de maintenant, je le dis tout de suite : malgré mes bonnes intentions, je peux utiliser des termes qui ne plairont pas à tout le monde. J’utiliserai des synonymes, mais il est possible que j’offense certaines personnes, ce qui n’est en aucun cas mon objectif. Merci pour votre compréhension.)

Dans les pays anglophones, je serais probablement qualifiée de fat admirer. En effet, il n’existe pas de terme équivalent francophone. Mais bon, ça ne me plairait pas qu’on me dise que je suis une « admiratrice de graisse »… Sur Internet, j’ai fait beaucoup de recherche sur le sujet, sauf que c’est presque toujours les cas les plus extrêmes qu’on mentionne, ceux et celles qui éprouvent du désir envers des gens tellement énormes qu’ils sont devenus incapables de marcher. Mais je suis certaine que parmi les fat admirer, il y en a des modérés. Pour ma part, la limite à ne pas dépasser serait selon moi que, lorsque j’entoure un garçon avec mes bras, que mes doigts puisse encore se toucher. Comme le personnage de Damien, finalement… Après, je dis ça, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion dans ma vie d’adulte d’en serrer dans mes bras. C’est juste des suppositions.

Je ne pourrai pas dire si c’est quelque chose d’inné chez moi où bien si je l’ai « appris ». Ce dont je sais, c’est que j’ai fait cette première découverte vers mes 4 ans. Évidemment, ce n’était pas de l’attirance sexuelle, j’étais trop jeune, mais je me souviens que j’avais une fascination démesurée pour les personnes ayant un minimum de corpulence. En fiction c’est pareil, ou presque : certains m’ont plus traumatisés qu’autre chose. Mon souvenir le plus marquant implique Obélix dans le film d’animation Astérix et Cléopâtre (J’avais 4 ans je rappelle). Aujourd’hui, ça me fait rire d’y penser, mais je préfère quand même ne pas trop en parler. Les autres étaient tout simplement méchants. Pour les « gentils », il y avait pour la majorité un petit problème, c’était que ces personnages avaient une personnalité qui ne se résumait qu’à aimer manger. C’est comme pour les personnages féminins qui, pour leur part, ça se résume à « faire des trucs de filles », mais bon, ça c’est un tout autre sujet…

J’ai beaucoup cherché à comprendre depuis la fin de mon secondaire, sur Internet et dans des livres. Durant mes recherches, j’ai trouvé aussi pourquoi il y a ce dégoût envers les personnes rondes actuellement : dans notre société, la bedaine est beaucoup associée à des trucs négatives, que ce soit la paresse, la gourmandise ou la stupidité, et même à la laideur, surtout chez la femme. Les gros seraient donc vus comme une nuisance pour la société, et cette vision a commencé lorsque dans les pays occidentaux durant la période d’industrialisation entre les années 1700 et 1900. Avant, c’était plutôt un signe d’aisance matériel et, chez la femme, de fertilité. Mais à mesure que le temps change, les normes de beauté et la perception des personnes dodues se transforme aussi. Effectivement, il y a des circonstances où la bedaine n’est pas la bienvenue, surtout dans une usine où les conditions de vie n’étaient déjà pas faciles de base, même pour un ouvrier mince. Les années passent, les conditions de vie ont été améliorées, les ressources alimentaires et énergiques deviennent beaucoup plus accessibles. La vie devient donc plus confortable… trop, même. Donc forcément, la population devient plus grasse. Qu’on veuille changer en modifiant nos habitudes alimentaires et physiques est donc normal. On veut être plus en forme et en santé, c’est très bien… mais est-ce nécessaire d’insulter les gros pour leur apparence, surtout si en plus ces derniers veulent faire l’effort de perdre du poids? Et même là, ceux qui sont très bien dans leur peau malgré leur corpulence, eux aussi se font pointer du doigt à cause de ça. Alors imaginez quand une personne déclare aimer les gros…

J’ai lu des témoignages sur Internet, et il y a des réactions hallucinantes : du « mais c’est moche » à « je vous comprends pas », et à toutes les sauces. Après, il est vrai que les raisons données par certains fat admirers ne sont guère mieux : par exemple, du côté des femmes, il y en a qui disent que sortir avec un homme gros les font moins complexer sur leur apparence, d’autres que c’est comme des coussins (« Cool… », comme dirait Damien). Et du côté des hommes, il y en a un qui aurait carrément dit que les grosses femmes ressembleraient à de très gros seins et que ça l’excitait…

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Après, je pense qu’il n’y avait aucune mauvaise intention là-dedans, juste que c’est mal exprimé. Mais sinon, dans les témoignages les plus posés et réfléchis, il y en a que « ça rappelle leur père » ou bien « qu’il paraissent plus doux et gentils ». Bon là, c’est sûr que ce sont des femmes qui s’exprimaient. Dans mon cas, il y a un peu de tout ça, mais le mot qui résumerait le mieux mon ressenti, et peut-être aussi celle de ces femmes-là, ce serait «sécurité».

(Quand je m’énerve à cause du « toutes les filles préfèrent les bad boys » lancé par les hommes, c’est pas pour rien…)

Mon but n’est pas de glorifier le surpoids, ce n’est pas du tout mon intention. Que vous aimez ou pas n’est pas la question. Je trouve juste dégueulasse qu’on veuille faire croire au gens qu’il n’y a que les minces ou les musclés qui puissent être considérés comme attirants et beaux.

Je sais que j’aurais très bien pu garder ça pour moi. Après tout, ces des choses qui ne concernent que moi. Sauf que même si je n’en avais pas parlé, il y aura toujours un truc qui trahirait mon secret : mes dessins, mes bandes dessinées.

Voilà pourquoi j’ai décidé d’en parler. Parce que d’une manière ou une autre, ça se saurait, et pas nécessairement de la manière que je le voudrais. Alors autant le faire dans de bonnes conditions avec des explications, surtout pour une chose dont visiblement on cherche à cacher dans les médias de masse.

J’aime dessiner des personnages avec ce genre de gabarit. Je sais pas… c’est comme plus stimulant que les autres. Cependant, il y a eu une période où je m’autocensurais parce que je ne voulais pas avoir à expliquer pourquoi j’aimais en dessiner, et je pense que c’est ce qui a en partie nuit à ma créativité. J’ai fini par le constater quand j’étais à l’atelier de BD au Cégep à Montréal. Il restait encore deux semaines avant de remettre la BD pour le Vestibulle pour le faire imprimer et je n’avais pas fait grand chose encore pour l’atelier, à part bien sûr des petits croquis. Je stressais. Et puis je me suis dit : « Merde ! Fais le, bon sang ! » et la première chose que j’ai pu dessiner, c’était un jeune homme dodu, qui s’avère être « l’ancêtre » de Damien, et ainsi est née la petite BD de deux pages du Vestibulle.

C’est con, pareil, ce qui se passe… j’ai l’impression de justifier le fait que je préfère le vert au rouge. Mais comme on laisse sous-entendre qu’il n’est pas bon d’avoir ne serait-ce qu’un petit bedon dans la société, et que même les gros eux-mêmes détestent qu’on en discute (ce que je comprends tout à fait), ça me met très mal à l’aise d’en parler. Après, je lis pas mal d’articles qui disent que maintenant, une majorité de femmes préfèrent les hommes corpulents aux musclés. Je serais curieuse de voir la durée de cette tendance…

Mais ce que j’aimerais vraiment voir, c’est les avis des autres, et mêmes des témoignages des concernés pour ce qu’ils en pensent de tout ça. Et peut-être que je serai plus à l'aise d'en parler oralement.

Pour voir les sites Web que j'ai pu trouver, voici les liens :

http://www.grazia.fr/article/la-tendance-de-l-homme-nounours-60852

http://madame.lefigaro.fr/societe/femmes-preferent-gros-090914-914876

http://forum.psychologies.com/psychologiescom/Le-quotidien-dans-le-couple/femmes-aiment-gros-sujet_7132_1.htm

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Toonuki
  • Il s'agit d'un blog où je mettrai en ligne quelques unes de mes BD ou illustrations. Je suis également passionnée d'animation, de folklore, de romans jeunesse, de renards et de jeux vidéo.
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